Le Bal de l'été - 21 Août de l'an 20 [Event secondaire]

Elle l'avait planifié ce bal, elle l'avait voulut, elle y avait mis le prix et pas seulement en pièces d'or. Son temps, ses forces avait du être mis à l'épreuve pour qu'elle réussisse à aller au bout de son projet.  Enfin, elle avait réussie. Le bal allait commencer d'une minute à l'autre dans cette grande salle réservée à cet effet. Elle avait soignée son décors : la salle baignée dans des couleurs vertes et ors, nimbant la pièce et se reflétant sur les nappes blanchâtres en lin et coton. Les fenêtres hautes et étroites avaient été bouchées par des vitraux en de couleur verts et doré en double. Entre les deux couches se trouvait une longue chandelle permettant l'éclairage pour cette belle nuit d'été. De nombreuses lanternes de même genre se trouvait sur les tables du buffet. Le reste de la salle était dégagé pour le bal et la danse que son fils se devait d'ouvrir.

Au fond de la salle, l'estrade sur lequel deux trône reposaient aussi majestueux l'un que l'autre. Entre les deux, une petite table pour qu'elle et son fils se restaurent. Cette nuit serait un moment de fête, de joie et de danse. Seuls les gardes personnels de la reine et d'Arthur n'avaient pas congé : ils devraient veillés à la sécurité de leurs maîtres. Le buffet était maintenant bien garni, les hors-d’œuvres régnaient en maître pour l'instant mais à 22h, les servantes viendraient changer cela pour laisser la place aux pièces de viandes, aux poissons et aux légumes. Le dessert, lui arriverait à minuit avec les alcools forts. Oui, la Dame d'Or avait hâte que cela commence.

Elle sortit du bain et ses servantes apparurent autour d'elle comme une ruche d'abeilles autour de leur reine. Elle sourit tandis que les douces serviettes en peau de chamois lui ôtaient l'eau du corps. Sa peau, déjà douce, fût assouplie par la crème à base de graisse, de lait et d'essence de lavande. Son visage fût fardé et poudré et peu à près la sous-robe vint épouser ses formes, puis le jupon et enfin la sur-jupe toute d'or et de vair décorée. Dessus, le corset orné d’émeraudes et de pépites d'or ayant comme but l'apparat. Dessous, le corset de linge blanc, enserrant légèrement la taille et les hanches pour les affinées et servant à retenir les bas blancs qui remontaient jusqu'à mi-cuisses. De longs gants verts au liseré d'or venaient compléter la tenue et une émeraude enchâssée dans un chat d'or reliée à une chaîne d'une même matière venait se nicher dans sa poitrine, entre ces seins volumineux.

Elle se laissa maquillée puis se dirigea vers la grande salle et s'assit sur son trône. Puis avec élégance, elle indiqua que l'on pouvait ouvrir les portes. Les musiciens étaient en place, tout pouvait commencer. Ce bal sera un succès ou ne sera pas. Ainsi en avait-elle décidé. Son fils pouvait bien faire des efforts, n'en avait-elle pas fait, elle ? Elle portait bien ses habits d'apparats ridicules qui l'obligeaient à ne pas bouger et à regarder les autres sans pouvoir vraiment danser. Intérieurement, elle se crispa de jalousie en voyant entrer des jeunes filles aux rangs plus faible qui portaient des robes plus légères et simples permettant la danse et le mouvement.

Durant des semaines sa mère lui avait rabâché les oreilles avec ce fichu bal d'été. Et comme si cela ne suffisait pas, elle avait en plus eu son frère sur le dos qui lui demandait d'intervenir au près de mère pour qu'elle renonce à ce projet. Des semaines à aller de l'un à l'autre pour les réconforter, les rassurer et les rendre plus souples. Finalement, elle avait réussi bon gré mal gré : Son frère participerait mais n'apparaîtrait pas de manière officielle conformément à ses vœux. Il serait dissimulé dans la salle pour pouvoir danser incognito avec ses convives. Le capitaine de la garde était passé par toutes les couleurs que Gaïa avait mis sur terre lorsqu'il avait apprit la nouvelle. Il avait fait subir à ses deux protégés un stage intensif de survie en milieu hostile par mesure de sécurité. De plus, si les armes étaient bannis dans l'enceinte du bal, le frère comme la sœur et leur mère gardaient sur eux une petite dague dissimulée dans leur manche ou leur giron.

Sa journée avait été donc si occupé que lorsque l'alouette voulue se préparer pour le bal, elle se rendit compte qu'elle n'avait strictement rien à se mettre. Elle observa son armoire d'un œil dubitatif avant de rire aux éclats. Elle sortie donc une vieille toilette du fond de son placard. Vert des bois, bleu roi et d'un turquoise profond, elle restait indémodable malgré les ans. Elle chercha ensuite désespérément un masque. Finalement elle dénicha suffisamment de morceau hétéroclite pour jucher sur son visage un masque en forme de tête d'oiseau.

Pas de bijoux, ni de maquillage, elle se voulait incognito, confondu avec son peuple, accessible à tous. Elle se faufila ensuite dans les couloirs du château empruntant les passages des serviteurs pour accéder à la grande salle.  Elle observa la scène un moment derrière son rideau avant de s'y glisser. Le bal commençait tout juste et une valse venait d'être déclarée. Sans difficulté, l'alouette aperçut son frère qui évoluait lentement sur la piste de danse, déjà au bras d'une belle.

Alors que l'alouette noyait son regard dans la foule, cherchant à deviner qui était caché derrière quel masque, un mouvement sur sa gauche attira son attention.
Un homme tout de noir vêtu et portant un simple bandeau noir en guise de masque s'approchait d'elle d'un air avenant. Elle répondit à sa révérence par une autre, charmée par les manières galante de l'homme. Il l'invita ensuite à danser et, à son langage, la jeune femme devina qu'il n'était pas un homme de la cours. Mais peu lui importait et c'est avec un doux sourire qu'elle accepta son invitation, se laissant guider sur la piste de danse.

Il passa une main ferme autour de sa taille et elle, posa une main fine sur son épaule, appréciant le contact du tissu rêche de la cape contre sa paume. Ils dansèrent ainsi quelques secondes, se laissant le soin de comprendre comment l'autre dansait puis l'alouette reprit la parole :

"Alors Messire, comment dois-je vous appeler pour ce soir ?"

Elle était de bonne humeur et prenait un réel plaisir à danser avec cet inconnu. Le jeu des masques créait une ambiance légèrement suave et les couples qui se formaient semblaient tous bien plus proche l'un que l'autre contrairement au bal traditionnel. Discrètement, le regard de l'alouette quitta les yeux de son cavalier pour étudier ses tempes et par là même s'offrir le droit d'observer les danseurs qui se trouvaient dans le dos du cavalier noir. Elle n'y vit pas son frère, mais devant l'air ravi de sa mère, elle se douta qu'il devait être entre de bonne main.

La voix du jeune homme douce et grave était vraiment agréable à entendre et l'alouette se surprit à apprécier la suavité de la voix. Suavité bien évidemment accentué par le fait que l'homme était masqué et distillé donc un charme ténébreux et secret qui ne laissait pas la jeune femme indifférente. Elle manqua de glousser comme une adolescente mais se retint et se contenta d'un doux sourire plein de charme. Il ne s'agissait pas de se laisser aller ainsi.

Le cavalier, enfin, son cavalier en l’occurrence semblait à l'aise sur la piste de danse et l'alouette ne s'était pas fait écraser le bout des pieds une seule fois depuis le début de la danse. Cela l'enchantait au plus haut point car apprendre à son frère les rudiments de la danse lui avait valut quelques orteils douloureux. Le jeu en valait la chandelle il était vrai car il était maintenant en charmante compagnie au bras d'une jolie brune.

"Dois-je vous appeler Ma Dame ou avez-vous également opté pour un nom d'emprunt ?"

La question la surprit et la tira de ses pensées. Elle réorienta son regard sur l'inconnu et lui répondit avec un doux sourire :

"Pour ce soir, je suis l'alouette en l'honneur de mon masque."

Elle sourit à nouveau décidément contente d'avoir trouvé partenaire si charmant. La question qu'il lui posa ne la surprit pas. Il était plutôt normale de sa part de poser pareille question. Elle répondit dans un sourire mutin :

"Vous savez, les premières sont rarement les mieux servit."

Louve grise


Un bal...Elle qui, quelques jours auparavant, ne savait effectuer le plus simple pas de danse, se trouvait à présent au château, parmi les nobles et non loin de la famille royale. Que diable était elle venue faire ici? Elle n'en était pas sûre.
Elle était gênée par sa propre présence, si modeste, au beau milieu de l'or, du velours et d'autres détails. Elle était aussi gênée par son maquillage, bien que léger et discret pour paraître naturel. Sa mère affirmait qu'elle était magnifique, et avait même voulu en rajouter une couche, mais la jeune femme s'était mise hors de sa portée.
Elle portait une robe bleu clair aux reflets argentés, qui avait coûté extrêmement cher à ses parents, et un colier de perles. Elle ignorait pourquoi ils s'étaient donné tant de mal à l'embellir, quand elle aurait pu simplement être engagée comme servante.
Mais toutes ces pensées troublantes qui se poussaient en son intérieur ne laissaient rien paraître. Son regard demeurait neutre.
N'importe qui l'appréciant de loin aurait vu en elle quelqu'un d'assuré.
Elle s'assit dans un coin et commença à composer des vers dans sa tête, histoire de ne pas trop s'ennuyer:

"Jeune demoiselle
D'une robe rouge vêtue
Gracile hirondelle
Parmi oiseaux inconnus
Mais qu'as tu donc fait, belle?
Tes plumes sont elles tâchées de sang?
Une rose est sans nul doute magnifique
Mais on s'y pique souvent...
Triste fait pour une fleur si splendide
Que l'on aimerait saisir à notre guise
Mais rien n'est tout noir
Rien n'est tout blanc
Et toujours une rose
Disposera de ses épines"

Pourquoi cela lui était venu? Autre question qui occupa une place dans son esprit, parmi de nombreuses autres attendant leur réponse.
Essayant de penser à autre chose, elle sortit son miroir et contempla son image. Elle eut presque peur de son visage, et cligna plusieurs fois des yeux pour être certaine que ce qu'elle voyait était bien réel.